Ramadan: le Centre culturel islamique de New York, haut lieu de spiritualité pour la communauté musulmane

12:20 - April 21, 2021
Code de l'info: 3476438
Téhéran(IQNA)-Idéalement situé dans le quartier de l’Upper East Side à Manhattan, le Centre culturel islamique de New York connaît une forte affluence durant le mois sacré de Ramadan de la part des membres de la communauté musulmane à New York, ville qui compte près d’un million de musulmans originaires des quatre coins du monde, selon les dernières estimations.

Alors que cette ville était l’année dernière l’épicentre de la pandémie de Covid-19 aux Etats-Unis, qui a notamment forcé la fermeture de l’ensemble des lieux de culte, y compris durant le mois sacré, cette année les musulmans de New York se réjouissent de la réouverture de la mosquée du Centre, où ils pourront accomplir notamment la prière des Tarawih, et, pour certains, partager le repas de l’Iftar offert sur place.

“Nous sommes ravis et heureux suite à l’ouverture de la mosquée (du centre) cette année et la reprise des prières et les Tarawih, qui nous ont beaucoup manqué l’année dernière à cause de la pandémie”, a indiqué dans une interview à la MAP, Sheikh Chernor Jalloh, Imam du Centre culturel islamique de New York.

“Cette année, nous sommes autorisés à ouvrir la mosquée pendant le Ramadan et pour les Tarawih. Cela ne va pas être facile (en raison de la pandémie), mais c’est un moment de grande joie pour les musulmans de la ville”, a-t-il déclaré.

Selon M. Jalloh, la mosquée du centre accueille quotidiennement un nombre important des membres de la communauté musulmane newyorkaise qui y affluent des quatre arrondissements de la ville.

Véritable melting-pot, à l’image de New York, le Centre culturel islamique est fréquenté quotidiennement par des centaines de musulmans issus de 46 nationalités, affirme encore son Imam dans cet entretien à la MAP.

– Le Centre culturel islamique de New York est plus qu’un simple lieu de culte. Parlez-nous un peu plus de ses activités ?

Effectivement, ce n’est pas uniquement un lieu de culte, c’est un centre culturel et un lieu que de nombreuses personnes viennent visiter pour voir la mosquée et poser des questions sur l’islam. C’est aussi un lieu que les journalistes et les chaînes de télévision locales ont tendance à contacter chaque fois qu’il y a un incident impliquant l’islam ou des musulmans, pour poser des questions et connaitre le point de vue de l’islam sur telle ou telle problématique.

C’est aussi un endroit que des milliers d’étudiants, de membres d’organisations interconfessionnelles et du clergé viennent visiter. Nous recevons chaque année près de 30.000 visiteurs non musulmans, représentants des ONGs, des écoles, des universités et de groupes interconfessionnels en visite aux Etats-Unis, dans le cadre des programmes du Département d’État américain. Le centre est l’endroit où ils découvrent l’Islam et ses piliers. C’est aussi le lieu où de nombreux musulmans viennent officier leur mariage.

Le centre reçoit, en effet, des musulmans de 46 nationalités différentes qui viennent accomplir les cinq prières dans la mosquée.

Les membres du conseil d’administration du centre sont des ambassadeurs de pays musulmans accrédités auprès des Nations-Unies, et plusieurs membres du personnel de l’ONU viennent ici régulièrement pour les prières de l’Aïd El Fitr, de l’Aïd Al Adha et du vendredi.

Le centre est aussi multiculturel et ouvert pour servir la communauté dans son ensemble, musulmane et non musulmane, car notre rôle est d’inculquer les préceptes de l’islam authentique aux Américains, de leur tendre la main et de leur apprendre que l’Islam est une religion parfaite, valable pour tous les hommes, tous les lieux et tous les temps.

Au sujet de la communauté musulmane à New York, est-ce que vous disposez de statistiques ou de chiffres sur le nombre de cette communauté ?

Le nombre de musulmans à New York est estimé entre 1 million et 1,1 million, et ce chiffre est en train d’augmenter. Selon les rapports de certaines sources, la communauté musulmane a grandi entre 2002 et 2011 de près de 65% à New York.

En 2002, il n’y avait que 120 mosquées, alors qu’en 2011, le nombre de mosquées est passé à près de 350 dans la ville. En 2015, le nombre de musulmans est passé à plus d’un million à New York. La raison en est que les gens se convertissent en grand nombre à l’islam. En effet, cette mosquée accueille un grand nombre de personnes nouvellement converties à l’islam.

J’ajouterai également que New York est considérée comme le principal point d’entrée aux Etats-Unis pour les migrants. Ainsi, de nombreux immigrants arrivent en premier à New York, qui reste un endroit accueillant, où tout le monde peut y gagner sa vie, en ce sens que cette ville est différente de nombreux autres Etats américains.

L’explication à l’importance numérique de la communauté musulmane est donc le grand nombre d’immigrants (musulmans) qui s’installent à New York, ainsi que le nombre important d’immigrants se convertissant à l’islam. A cela s’ajoute le taux de fécondité qui reste élevé au sein de la communauté musulmane à New York.


– C’est la deuxième année que les musulmans du monde entier accueillent le Ramadan au milieu d’une pandémie. A quel point est-il difficile pour la communauté musulmane et pour vous d’organiser les prières et d’autres activités pendant ce mois sacré?

Nous sommes ravis et heureux d’ouvrir la mosquée cette année et de reprendre les prières et les Tarawih, ce qui nous a beaucoup manqué l’année dernière à cause de la pandémie.

Cette année, nous sommes autorisés à ouvrir la mosquée pendant le Ramadan et pour la prière des Tarawih, mais cela n’est pas sans difficultés.

Mais c’est certainement un moment de joie pour les musulmans, car la mosquée nous a énormément manqué l’année dernière. Nous nous employons également à respecter les directives du Centre américain de prévention des maladies (CDC) afin de nous protéger et de protéger les fidèles.

La mosquée est fréquentée par l’ensemble des musulmans de la ville qui y viennent des cinq arrondissements de New York, en particulier les chauffeurs de taxi, dont beaucoup ont choisi cette profession parce que c’est un travail indépendant qui leur permet de prendre le temps pour effectuer les cinq prières du jour. Les fidèles viennent également des Etats voisins de New York, en particulier du New Jersey et du Connecticut.


– En termes de limitation, avez-vous des restrictions sur la capacité d’accueil en raison de la pandémie?

Nous sommes maintenant autorisés à accueillir environ 50% de la capacité normale, qui était auparavant d’un total de 1.350 fidèles. Comme nous le faisons pour les prières du vendredi, où nous avons décidé d’organiser deux prières distinctes, la première entre 13H00 et 13H30, et la seconde entre 13H40 à 14H15. Nous essayons donc d’accueillir deux groupes. Mais pour la prière des Tarawih, il sera impossible d’avoir deux groupes, car la nuit est trop courte.

Nous allons toutefois faire en sorte d’avoir assez de nourriture pour l’ensemble des fidèles pour la rupture du jeûne. Mais nous devons respecter les limites de capacité, pour la sécurité de tous.


– Vous avez été très actif l’année dernière pour aider les membres de la communauté musulmane, en particulier les plus démunis qui ont été durement touchés par la pandémie et la crise. Avez-vous des programmes dans ce sens cette année ?

Nous avons toujours été très actifs pour aider les nécessiteux. En tant qu’organisme de bienfaisance, le centre fait don de 25.000 dollars tous les trois mois. Nous coopérons avec ICAN Relief (Cercle islamique d’Amérique du Nord), à qui nous octroyons un chèque de 25.000 dollars chaque trimestre, et le centre se charge de répartir l’argent aux nécessiteux sur une base mensuelle.

Le centre distribue également des paniers de nourriture aux familles démunies, ou des cartes monétiques prépayées que nous remettons aux familles ayant des cas d’urgence.

Nous essayons donc d’aider autant que nous le pouvons. Même si nous ne pouvons pas résoudre les problèmes de tout le monde, nous pouvons au moins faire un peu pour ne pas les renvoyer les mains vides.Nous distribuons également Zakat Al-Fitr, qui s’élève à près de 56.000 dollars par an, et Zakat al-Maal, qui totalise plus de 100.000 dollars par an.

Le centre gère également un cimetière, où nous avons acheté plus d’un millier de lots dans des quartiers assez proches.


– Quel est votre message ou conseil à la communauté musulmane, à New York ou ailleurs, pour ce mois de Ramadan en cette période difficile de la pandémie?

Mon message à la communauté musulmane est de rappeler que le musulman est toujours celui qui a la conviction d’attendre les choses et de les accepter. Le musulman ne sera jamais submergé par la calamité. Car après chaque épreuve, il y aura de la facilité. Allah ne mettra pas son sujet à l’épreuve pour le détruire, mais pour tester sa patience.

Les musulmans ne devraient donc pas être submergés par la calamité, sachant que cette dernière viendra et disparaîtra plus tard.

Il faut aussi rappeler qu’Allah a créé les choses avec leurs opposés : le bien et le mal, le bonheur et la tristesse, la richesse et la pauvreté, la maladie et le bien-être. Et ce sont toutes des bénédictions. Si vous n’avez jamais eu faim, vous ne saurez jamais quelle est la bénédiction d’avoir de la nourriture. Si vous n’avez jamais été malade, vous ne saurez jamais quelle est la bénédiction d’être en bonne santé. Les musulmans doivent donc être patients pendant cette calamité pour être gratifiés de la récompense complète.

mapexpress

captcha