Il faut un dialogue inclusif qui transcende les lignes de la religion, de l'ethnie et de la culture

13:06 - December 16, 2023
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IQNA-Pour Jean Delaunay, expert politique français, la victoire de Geert Wilders aux élections néerlandaises indique une montée de l’extrême-droite, mais elle montre également le sentiment d’insécurité et l’inquiétude des Européens.

Jean Delaunay est le fondateur et le directeur de la publication de L'Observatoire de l'Europe : https://www.observatoiredeleurope.com. Son parcours a été centré sur les sciences politiques, et il a obtenu un doctorat dans ce domaine. Passionné par les enjeux relatifs à l'Union Européenne, il a créé ce forum pour partager sa passion et encourager un débat éclairé et constructif sur le sujet. Avant de se consacrer pleinement à ce projet, il a eu une carrière distinguée en tant que chercheur et professeur en Sciences Politiques dans plusieurs universités réputées, où il a publié de nombreux articles et ouvrages sur les institutions européennes et la politique de l'UE. Sa connaissance approfondie et son approche équilibrée font de lui une voix respectée dans le domaine des études européennes. Nous lui avons demandé de répondre à nos questions sur la situation des musulmans d’Europe après l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite dans plusieurs pays européens qu’il a gracieusement accepté.

La victoire du parti de Geert Wilders aux élections néerlandaises annonce la montée de l’extrême-droite dans ce pays européen. Qu’en pensez-vous ?
 

La victoire de Geert Wilders aux élections néerlandaises indique certainement une montée de l’extrême-droite mais je tiens à souligner que ce phénomène n'est pas unique aux Pays-Bas. Cela s’explique par plusieurs facteurs incluant le sentiment d'insécurité, une inquiétude liée à l'identité culturelle et des préoccupations économiques. Il est important pour les acteurs politiques traditionnels de prendre note de ces préoccupations et de les adresser de manière constructive sans recourir à la peur et à l'hostilité.

La liberté d’expression dans les pays européens est devenue un prétexte pour cibler les musulmans. Les principaux acteurs de ce jeu politique sont les partis d’extrême-droite. Comment vous voyez l’avenir des musulmans en Europe ?

La liberté d'expression est un pilier central de toutes les démocraties européennes. Cependant, elle ne doit jamais servir de prétexte pour inciter à la haine ou discriminer un groupe particulier. Concernant l'avenir des musulmans en Europe, il est crucial de faciliter un dialogue inclusif, respectueux et constructif qui transcende les lignes de la religion, de l'ethnie et de la culture.
 
Au cours de ces dernières années, le racisme en Europe a pris la forme d’une hostilité antimusulmane. Peut-on dire que la xénophobie en Europe se manifeste fondamentalement comme un mouvement antimusulman ?
 

Il serait faux de dire que la xénophobie en Europe se manifeste fondamentalement en tant que mouvement anti-musulman. La xénophobie, sous toutes ses formes, doit être combattue. Cela implique de lutter non seulement contre l'islamophobie, mais également contre toutes les formes d'animosité et de stéréotypes négatifs envers tous les groupes minoritaires.

Les noirs aussi sont un groupe de race qui subit le racisme et la discrimination. Qu’en pensez-vous ?

Le racisme et la discrimination envers les personnes noires en Europe est un fait indéniable et doit être combattu avec la même vigueur et la même détermination que toutes les autres formes de discrimination. Il est important de reconnaître cela et de prendre des mesures significatives pour lutter contre le racisme systémique.

 
Depuis quelques années, les pays européens adoptent des lois qui visent surtout les musulmans : interdiction de l’appel à la prière, interdiction des activités dans les mosquées, interdiction du voile ... Comment les musulmans peuvent-ils réagir ?

Concernant les récentes lois qui touchent clairement les pratiques musulmanes, il est important de souligner que la liberté de religion est un droit fondamental en Europe. Une solution pourrait être de favoriser le dialogue et la rencontre avec les décideurs politiques, en soulignant l'aspect inégal et discriminatoire de ces lois. Il s'agit aussi de faire appel aux organismes de droits de l'homme et de juridiction supranationale en cas de discrimination flagrante. En fin de compte, il s'agit de continuer à éduquer et à s'engager à tous les niveaux pour favoriser une meilleure compréhension et un respect mutuel.

Par Parvaneh Salehi

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